Un Raton Laveur au Moulin de Record

1 mars 2021
Actualités , Faune et Flore
, , ,
0

Un Visiteur nocturne...

Quand un raton laveur décide de squatter chez nous... par la chatière.

Un matin de février, on découvre un champ de bataille autour de la gamelle des chats : des croquettes éparpillées façon confettis de carnaval. Bon, nos chattes sont plutôt du genre distingué, pas du style à faire un apéro sauvage sans prévenir… Intriguant.

Le lendemain ? Rebelote. Même scène de crime, même mystère. Sherlock commence à s’éveiller en moi.

Troisième nuit : il est une heure du matin, je m'apprête à éteindre la lumière du salon, quand soudain… Panique générale. Nos chattes se dressent comme des hérissons sous stéroïdes, bondissent sur la table (interdit normalement !), toutes les oreilles pointées vers le rideau qui mène à la tour. Je les compte : une, deux, trois. OK, tout le monde est là. Donc… intrus en vue !

Et là, dans la pénombre, une tête dépasse du rideau. Pas un chat. Pas un voisin en déguisement. En m'approchant, la silhouette s'éclipse par la chatière. J’ouvre vite la porte, j’allume, et là… face à moi, un énorme raton laveur. Oui, un vrai ! Il me regarde comme si j’étais l’intruse, genre "Tu devrais pas déjà être couchée, toi ?". Le gars faisait facile 15 kg. Et il était passé par la chatière. LA CHATIÈRE !

Pris de panique, Monsieur fait demi-tour vers la sortie, sauf qu’il se prend les pattes dans le double rideau (on est chez nous, hein, pas dans un escape game !). Il se planque dans un coin, me regarde avec des yeux ronds. Moi ? Je n’en mène pas large. Est-ce qu’un raton laveur ça mord ? Est-ce que ça saute au visage comme dans les films ? Mystère. Alors j’attrape une barre de rideau (improvisation niveau ninja), je pousse doucement... Il grogne. Je grogne plus fort (instinct primaire ?). Il m’observe, interloqué, puis finit par se carapater par la chatière. Mais attention : petit arrêt dramatique pour grogner UNE DERNIÈRE FOIS avant de disparaître dans la nuit. Classe.

Évidemment, j’ai cherché "raton laveur Europe" sur Internet. J’ai montré la photo à Jean-Pierre, déjà au lit. Sa réponse ? "T’as vu une loutre ou un blaireau..." Euh, non. J’ai des yeux et un cerveau. C'était bel et bien un raton laveur. Et manifestement, ça faisait plusieurs nuits qu’il s’invitait chez nous en mode buffet à volonté.

Le soir suivant, même heure, même manège : chatière, rideau, têtes de chats en alerte. Monsieur revient ! Cette fois, j’attrape mon téléphone, j’appelle Jean-Pierre (qui descend les escaliers avec l’agilité d’un ado de 20 ans, c’est dire le niveau d’urgence). On entre dans le bureau… rien. Puis grognement. Il est encore là ! Caché derrière des cartons. Jean-Pierre le voit, confirme : “Ah oui, tu avais raison… c’est un raton laveur. Non mais !”

Même scénario : barre de rideau, grognements mutuels, et sortie grognon du visiteur frustré de n’avoir pu picorer une croquette.

On bloque la chatière côté entrée. Logique, non ? Nos chattes savent la rouvrir de l’extérieur. Problème : le raton laveur aussi. Le lendemain matin ? Croquettes éparpillées. Encore. Ce petit malin commence à nous connaître par cœur.

Alors on enquête. Et on apprend plein de trucs : les mâles sortent la nuit (check), les ratons laveurs ont été introduits en France par des soldats américains en 1966 (mascottes, vraiment ?), et depuis, ils se sont baladés partout en Europe. Sauf que… ce n’est pas une bonne nouvelle. L’animal est classé “espèce exotique envahissante” — un mot chic pour dire “nuisible”.

Ni une ni deux, on contacte le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc. L’OFB (Office Français de la Biodiversité) débarque dès le lendemain. On leur montre les photos. Ils confirment : c’est bien un raton laveur. On nous apporte une cage-piège spéciale pour capturer notre squatteur de salon.

Le soir venu, on bloque la chatière pour de bon, nos chattes râlent (elles survivront, c’était juste une nuit). En cuisine, je prépare des truites saumonées à fumer, j’en garde les chutes désarrêtées, et je prépare une gamelle VIP pour Monsieur Raton, façon room service : truite + croquettes. Nos chattes boudent le poisson ? Tant pis pour elles.

Minuit. Clac de la chatière. Il est revenu. Il sent la bouffe. Mais cette fois, il ne peut pas entrer. Le matin : gamelle vide, mais rien à côté. Même pas une miette. Le mec a mangé proprement. Respect.

Le soir suivant, cage en place, gamelle pleine. Minuit : BINGO. Pris au piège. Il est là, grognon, mais pas agressif. En fait, il a l’air… presque domestique.

Le lendemain, l’agent de l’OFB revient avec un lecteur de puce. Et là, surprise ! Il est pucé ! Ce raton laveur a un propriétaire !

Bon, on est contents qu’il ne finisse pas dans une réserve ou pire. Il va retrouver sa maison. Mais — parce qu’il y a toujours un "mais" — c’est formellement interdit de détenir un raton laveur en France sans autorisation spéciale. Donc : ne tentez pas d’en adopter un, même si ses yeux sont adorables et qu’il grogne mignon.

L'aventure a donc pris une fin heureuse, qui a même fait l'objet d'un article dans La Dépêche!


Morale de l’histoire ?

Quand vous louez un gîte (ou que vous vivez à la campagne), attendez-vous à des visites… parfois inattendues. Chats, chevreuils, renards… ou ratons laveurs fugueurs avec un penchant pour les croquettes au saumon. Et vous ? Prêts pour l’aventure ?

Related Posts